Governo italiano
lingua attiva: Italiano (Italia) ITA

"Erasmus peut tout changer dans un parcours"

9 gennaio 2017

(Intervista di Ouest France al Sottosegretario Gozi *)


À l'occasion des 30 ans du programme d'échanges européen Erasmus, interview de l'ancien Secrétaire d'État aux Affaires européennes, Sandro Gozi. Il est l'auteur de « Génération Erasmus - Ils sont déjà au pouvoir ».

Quel souvenir personnel gardez-vous d'Erasmus?
J'ai bénéficié du programme en 1990, à Paris 1 la Sorbonne, en droit. Juste après la chute du Mur de Berlin. On était un peu des pionniers et c'était en Europe un moment de grand espoir. Pour moi, c'était une façon de mieux connaître un pays et une langue auxquels j'étais très attaché, et surtout de vivre comme un Français en France. C'était cela la grande opportunité qu'Erasmus offrait. Avoir accès sereinement à une université d'un autre pays avec les mêmes droits que les autres étudiants, les mêmes règles.

Avec le recul, qu'est-ce que cela apporte?
Cela peut tout changer dans un parcours. D'abord cela ouvre l'esprit. On comprend bien mieux ce que signifie être citoyen européen. C'est très formateur. C'est un formidable facteur de qualification sur le marché du travail, cela permet de renforcer les compétences linguistiques. C'est un plus à tous les niveaux.

Même dans une Europe en crise?
Ce qui me frappe, c'est qu'Erasmus n'est contesté par personne, c'est un succès. Même en ce moment de crise de la construction européenne. Le budget Erasmus qui ne représente que 1,3 % du budget européen devrait être multiplié par 10 selon moi. On devrait donner 10 % du budget à la mobilité, pour en faire un programme de masse. Et à un certain point, même, obligatoire.

Jacques Delors voulait initialement que 10 % des étudiants soient concernés.
Cette proposition est toujours d'actualité selon moi. On est à 3,5 millions de jeunes Européens qui ont fait un séjour Erasmus, il faudrait arriver à trente millions. Ce serait une façon de sensibiliser à la vie européenne deux cents millions de personnes. Car quand un jeune participe à Erasmus cela ne concerne pas uniquement sa personne, cela touche aussi sa famille, ses amis.

Comment l'Europe peut-elle sortir de la crise qui la travaille?
Nous avons fait d'énormes erreurs durant la période de l'austérité. On a oublié l'idée de solidarité. Maintenant on a beaucoup de travail à faire pour rendre de nouveau ce projet synonyme d'espoir. Pour relancer l'Europe il faut travailler sur les questions sur lesquelles les citoyens attendent beaucoup plus de la politique. Répondre au sentiment d'insécurité physique face au terrorisme, économique face à la crise.

La victoire de Trump et les pressions de Poutine changent la donne?
Dans le nouveau désordre global, avec un duopole États-Unis Russie qui devra composer avec la Chine, les Européens risquent d'être spectateurs. Relancer l'UE en tant qu'acteur global, avec une nouvelle politique de défense et de sécurité, c'est la seule façon de donner du poids à nos pays. La politique étrangère de l'UE, aujourd'hui, n'existe pas. On gesticule, mais on n'est pas présent. Le monde ne va pas nous attendre.

2016 a consacré le Brexit et Trump. 2017?
Cela dépend de nous. Si nous ne réagissons pas, la tendance 2016 va se poursuivre. Et après la Brexit, la désintégration européenne, qui a déjà commencé, va continuer. Si les Européens, le 25 mars pour les 60 ans du Traité de Rome, ne se contentent pas d'une cérémonie mais s'engagent sur la relance, on peut commencer à inverser la donne. Il est clair qu'il y a des niveaux d'ambitions différents d'un pays à l'autre, il faut en prendre acte. Il faut que les gouvernements et les peuples les plus ambitieux aient le courage et la force d'aller de l'avant.
Laurent Marchand

* Dal 29 dicembre 2016, giorno della nomina di Sandro Gozi a Sottosegretario alla Presidenza del Consiglio nel Governo Gentiloni, sono pubblicate su questo sito le sue interviste sui temi riguardanti le politiche europee.
Erasmus
Torna all'inizio del contenuto